Festivals ou itinérance : où sont les véritables priorités de nos gouvernements?
Partagez sur les réseaux sociaux
Le 12 septembre 2024
Chaque été, le Québec s’anime avec des festivals grandioses : le Festival d’été de Québec, Osheaga, le Festival international de jazz de Montréal, et bien d’autres. Ces événements attirent des foules, dynamisent les centres-villes, et créent une atmosphère festive. Mais, derrière les lumières scintillantes et la musique enivrante, une autre réalité persiste dans l’ombre : des milliers de personnes dorment dans la rue, sans-abri, sans soutien, oubliées de tous. Le contraste est frappant : pendant que certains festoient, d’autres souffrent.
Des millions pour les festivités, des miettes pour l’itinérance
Le gouvernement québécois alloue des centaines de millions de dollars chaque année pour soutenir ces événements culturels. En 2019, par exemple, plus de 110 millions de dollars ont été investis dans les festivals à travers la province. Des fonds publics massifs sont injectés dans des événements qui, selon les organisateurs, devraient être exceptionnels au point de s’auto-financer. Si ces événements génèrent tant de retombées économiques, pourquoi dépendent-ils encore des subventions publiques ?
Pendant ce temps, l’itinérance continue de croître. En 2022, le gouvernement a alloué environ 56 millions de dollars par an pour lutter contre ce fléau. Pourtant, les besoins sont immenses. Environ 280 millions de dollars sur cinq ans ont été promis pour répondre à cette urgence sociale, mais cela reste insuffisant. Le coût de l’itinérance, en termes humains et économiques, dépasse de loin les investissements actuels.
Un système de justice et de santé en surcharge
L’itinérance n’est pas seulement une question de logement. Les personnes sans abri sont fréquemment hospitalisées, souvent pour des problèmes de santé mentale ou des maladies non traitées, coûtant des millions de dollars au système de santé. De plus, elles sont surreprésentées dans les prisons, souvent pour des délits mineurs comme le vagabondage ou le vol. Incarcérer une personne coûte 100 000 $ par an, un montant astronomique par rapport aux solutions de prévention qui pourraient réellement faire la différence.
Ce cercle vicieux surcharge également notre système de justice, où les comparutions répétées et les récidives sont devenues la norme. Chaque dollar dépensé dans ces secteurs pourrait être économisé si des mesures préventives étaient mises en place en amont.
Festivals ou solutions durables ?
Il est légitime de se demander : les festivals sont-ils vraiment une priorité au point d’éclipser les investissements dans les problèmes réels ? L’argument économique avancé par les promoteurs des festivals est que ces événements attirent des visiteurs et dynamisent l’économie locale. Pourtant, les problèmes d’itinérance engendrent des coûts sociaux et économiques bien plus lourds, y compris les hospitalisations, les interventions policières, les coûts judiciaires, et les répercussions sur la santé mentale.
Il est temps de réévaluer nos priorités. Investir dans des logements abordables, des programmes de réinsertion, et des services de santé mentale serait non seulement plus humain, mais aussi plus économique. En comparaison, subventionner des événements festifs de grande envergure qui, par essence, pourraient s’autofinancer, semble dérisoire face à l’urgence sociale.
Un nouveau modèle pour les festivals : l’autofinancement
Si les festivals sont aussi bénéfiques pour l’économie, pourquoi ne pas exiger qu’ils s’autofinancent ? De nombreuses industries culturelles à travers le monde fonctionnent sur un modèle d’autosuffisance, sans dépendre des fonds publics. En s’appuyant sur des partenariats privés, des commanditaires, et des revenus issus de la billetterie, les festivals peuvent continuer à prospérer sans ponctionner des ressources publiques qui devraient être allouées aux besoins fondamentaux comme l’itinérance.
En réorientant les subventions vers des programmes sociaux efficaces, nous pourrions non seulement améliorer la qualité de vie des plus vulnérables, mais aussi réduire la pression sur nos systèmes de justice et de santé. C’est un investissement à long terme, qui génère des retombées positives pour toute la société.
Le coût caché de l’itinérance : une facture astronomique pour la société
Au-delà des apparences, l’itinérance coûte bien plus cher à la société que ce que l’on pourrait croire. Chaque année, des millions de dollars sont dépensés pour couvrir les coûts indirects liés à l’itinérance, incluant les soins de santé, les interventions policières, les procès judiciaires, l’incarcération, et même les pertes subies par les commerçants et les citoyens à cause des méfaits, vols et autres crimes mineurs. En moyenne, chaque personne sans abri peut coûter entre 50 000 $ et 150 000 $ par an, en fonction de la gravité de sa situation.
Si l’on multiplie ce montant par le nombre de personnes en situation d’itinérance au Québec, on obtient une facture qui pourrait atteindre 500 millions à 2 milliards de dollars par an. Ce coût exorbitant, souvent ignoré dans les discussions publiques, montre qu’investir davantage dans des solutions durables comme le logement abordable, la santé mentale, et la réinsertion sociale seraient non seulement plus humains, mais aussi économiquement rationnels. Il est temps de repenser nos priorités et de cesser d’alimenter des crises qui, à long terme, nous coûtent bien plus cher que des solutions préventives.
Un contraste choquant : quand les chiffres ne mentent pas
Si l’on compare les retombées économiques des festivals aux coûts sociaux réels de l’itinérance, le déficit est indéniable. Chaque année, les festivals au Québec rapportent environ 300 à 350 millions de dollars en retombées économiques. Cela semble impressionnant à première vue. Cependant, quand on regarde les coûts engendrés par l’itinérance, qui peuvent atteindre jusqu’à 2 milliards de dollars par an, on voit rapidement que les retombées des festivals ne couvrent qu’une petite fraction de cette somme.
Dans le monde des affaires, un tel déséquilibre serait inacceptable. Les comptables dans une entreprise ne laisseraient jamais passer une telle situation, où les coûts dépassent largement les bénéfices. Les principes de gestion saine imposeraient une réévaluation immédiate des priorités et une réallocation des ressources vers des secteurs où les investissements pourraient avoir un impact plus durable et plus bénéfique.
Une fin de non-recevoir pour la population
Il est temps que la population québécoise prenne conscience de cette réalité et exige des politiques plus équilibrées. Les citoyens doivent demander des comptes sur la manière dont les fonds publics sont utilisés. Pourquoi continuer à subventionner massivement des festivals qui, malgré leurs retombées, n’apportent pas de solution aux problèmes sociaux urgents comme l’itinérance ? Ce déséquilibre devrait être une fin de non-recevoir pour toute personne soucieuse de l’avenir économique et social de nos villes.
Aider les villes : un impératif pour un avenir durable
Les villes, en première ligne face à l’itinérance et aux problèmes sociaux, ont un besoin urgent de soutien financier accru. Réorienter une partie des fonds actuellement consacrés aux festivals vers des programmes de logements abordables, des services de santé mentale, et des initiatives sociales permettrait non seulement de soulager les villes, mais aussi de réduire le fardeau économique global.
L’itinérance, avec son coût annuel pouvant atteindre des milliards de dollars, est un problème qui s’aggrave avec le temps. Aider les villes à mieux gérer ces défis devrait être une priorité incontournable pour les gouvernements. Il s’agit d’un impératif, non seulement moral, mais aussi économique. En réinvestissant dans des solutions à long terme, nous pourrions considérablement réduire ces coûts à l’avenir et améliorer la qualité de vie de tous.
Choisir les bonnes priorités
Le cas des 7 millions alloués aux Kings est un exemple parfait de dérive gouvernementale et de copinage. Pendant que des millions sont injectés dans des activités qui profitent à des promoteurs devenus millionnaires avec l’argent public, les véritables problèmes sociaux, comme l’itinérance, sont laissés en marge. Ce genre de décisions illustre clairement un déséquilibre inacceptable dans la répartition des ressources publiques. Si une entreprise laissait passer une telle situation, ses comptables tireraient la sonnette d’alarme.
Bref, c’est comme de payer 25 000 $ pour un party des cadres plutôt que d’acheter 25 000 $ d’équipement de sécurité pour protéger les employés est un autre exemple choquant de priorités mal orientées. La sécurité des employés, tout comme la gestion des problèmes sociaux, devrait être une priorité absolue. Pourtant, nous continuons à voir des décisions irresponsables qui mettent en péril non seulement la sécurité des personnes, mais aussi l’avenir économique et social de nos communautés.
Il est temps que les gouvernements cessent de privilégier ceux qui n’en ont pas besoin, et commencent à réallouer ces fonds vers les villes, qui font face à des défis bien plus urgents. L’itinérance, avec son coût annuel estimé à jusqu’à 2 milliards de dollars, est une crise qui ne peut plus être ignorée. En investissant dans des solutions durables comme le logement abordable, les programmes de santé mentale, et la réinsertion sociale, nous pourrions non seulement alléger le fardeau économique des villes, mais aussi offrir une vie digne à ceux qui en ont le plus besoin.
Le moment d’agir est maintenant
Les festivals peuvent prospérer et générer des retombées économiques, mais il est temps de leur demander de s’autofinancer. Si ces événements sont si exceptionnels, ils devraient pouvoir attirer des fonds privés, sans ponctionner les ressources publiques.
La population québécoise doit exiger des changements. Le contraste est choquant : 110 millions de dollars pour les festivals, 56 millions pour l’itinérance. Cela devrait être une fin de non-recevoir pour toute personne soucieuse de l’avenir économique et social de nos villes. Il est impératif de choisir les bonnes priorités : les gouvernements doivent cesser de financer des événements festifs à grande échelle au détriment des urgences sociales. Il est temps d’agir, et d’exiger des politiques qui répondent aux vrais besoins de la société.